jeudi 18 février 2010

Fantastic Mister Fox - Wes Anderson


Si votre enfant de 8 ans se pose des questions sur le sens de la vie et sur ses rapports avec les autres, qu'il aime tout de même Roald Dahl, ce film est pour lui. Sinon, il se contentera de regarder Charlie et la Chocolaterie.

Car l'univers de Wes Anderson ne se contente pas d'être visuel, il est avant tout composé d'êtres tourmentés, Mister Fox et ses acolytes n'y échappent pas.
Si ce fantasque réalisateur adaptait "Oui Oui" au cinéma, il l'aurait certainement rebaptisé "Oui Non, peut être, en fait je ne sais pas trop".

Après la famille névrosée Tenenbaum et celle médicalisée du Darjeeling Limited, Wes Anderson nous compose un nouveau portrait de famille hors du commun : un fantastique père, en pleine crise de huitaine (quarantaine en âge renard). Une maman, anxieuse et peintre spécialiste d’orages prophétiques. Un fils en pleine crise pré-renardolescente, à la fois boudeur, cracheur, et antihéros en pyjama, qui n'arrive pas à la hauteur de son père bien que doté d’une super cape. Un jeune cousin, extérieurement sans soucis, intérieurement mélancolique.
Une succession de rapports familiaux compliqués qui n’ébranleront aucunement la tendresse tissée entre les personnages.

Ah oui, il y a aussi l'histoire: la famille Renard doit affronter trois affreux méchants fermiers (gros, maigres et grands) après que Nostalgic Mister Fox ait repris ses activités de braconnage. Sauf que ces trois vilains ne sont pas des tendres et s'attaqueront au terrier-arbre de la famille à coup de marteau- pilon...
Nous vibrons pour les aventures trépidantes des Renards et de leurs amis rongeurs, ponctuées de moments de poésie (scène surréaliste du loup) et d'humour pince sans-rire.

Enfin, nous sommes loin de la perfection numérique des studios Pixar:cette immersion dans un atelier d'artisans marionnettistes confère au film un aspect vintage, hors d'âge. Les costumes calqués sur le style très dandy du réalisateur, la bande-son, ses parenthèses oniriques, apportent à l'oeuvre un style unique ainsi qu’une atmosphère flottante et étrange.


PS : ne loupez pas un Fantastic Mini Site:
http://publi.lemonde.fr/fantasticmrfox/

3.5 Ponyo

mercredi 17 février 2010

Oceans - Jacques Perrin & Cluzaud


Jacques Perrin nous entraîne dans les tumultes d'une odyssée sous-marine peu observée jusqu'alors.
Quatre années d'expédition ont été nécessaires à la réalisation de cette ode à la vie aquatique. Tour à tour, nous nous retrouvons embarqués sur le dos d'un requin, emportés par la valse des méduses et englués dans un banc de thons polymorphes ... L'image est tout simplement fascinante.Cette réalité, transposée à l'écran, apparaît comme irréelle. Les couleurs irradient, les textures sont palpables, l'eau translucide, nous voilà embarqués dans un opéra hors du commun.

Mais ces images suffisent-elles à captiver les spectateurs et amateurs de faune et flore?
L'élégance et la sobriété de la réalisation n'octroient pas le fait que le film est composé de manière décousue. Nous assistons à un sage mais époustouflant défilé de créatures sous-marines (difficilement identifiables pour certaines) : la narration discrète et le manque d'explications scientifiques ne permettent pas d'animer le contenu et de rendre le film pédagogique. Une certaine lenteur se ressent et celle-ci est décuplée par la musique classique en berceuse.
D'autant plus, nous n'échappons pas à la finalité moralisatrice de cette aventure océanique.L'épilogue et la conclusion, qui englobent l'histoire, s'apparentent comme une naive retranscription du mythe du Petit Prince au monde marin.
Cette célébration aquatique ne se laisse donc porter que par la conscience écologique qu'elle suscite.Néanmoins, Oceans est un film documentaire d'une beauté surprenante à voir absolument.

PS : " Les poissons sont nos amis!"

2.5 Ponyo


jeudi 11 février 2010

I love you Philipp Morris - John Requa


Ou la vie incroyable de Steven Russell, ancien officier de police, père de famille aimant et humble dévot qui s'est métamorphosé en gay assumé et arnaqueur hors pair : révélation déclenchée par un accident de voiture...

A la croisée du Roman d'un tricheur de Guitry et de Catch me if you can de Spielberg, John Requa nous entraîne dans la course rocambolesque d'un parfait escroc, campé avec brio par Jim Carrey. Le prélude nerveux et audacieux nous laisse entrevoir l'existence irréprochable de la bontée incarnée : une vie idyllique qui va se disloquer intégralement à la suite de cette illumination.
Comment passer en un tour de main de bon citoyen à estampeur inégalable?
Steven Russell éblouit l'écran et surtout sa propre vie. De fraudes à l'assurance aux usurpations identitaires, son ascension effrenée vers la réussite va se voir entraver par ses multiples tentatives de suicides et périodes d'incarcération mais surtout par la découverte du... grand Amour. Philipp Moris/Ewan Mc Gregor offre un jeu d'une fragilité quasi-palpable. Il apparaît tel un sauveur pour Steven Russell qui érige leur amour comme Unique vérité à sa vie chaotique!

De leur romance émane une force romanesque désopilante qui sied parfaitement à cette histoire hors du commun. Ce mélange homosexualité, burlesque, mélodrame reste euphorisant même si les nombreux rebondissements n'arrivent pas à insuffler un rythme régulier au film.

Un conseil : Ne vous fiez pas au titre et à l'affiche du film, qui comme son protagoniste principal n'est que tromperie. Ce n'est pas une simple idylle homosexuelle qui est contée mais les choix de vie haut en couleur d'un homme désespéré en quête de succès.

La "tête dans les nuages" pendant 1h35 et nous sortons de la salle le sourire aux lèvres!


PS : Merci à EuropaCorp d'avoir produit ce film - histoire trop controversée donc boudée par les studios hollywoodiens!
3 Ponyo

mercredi 3 février 2010

Brothers- Jim Sheridan


Sentiment contradictoire à la sortie du film. A la fois touchée par cette chronique intimiste sur la guerre mais aussi frustrée de ne pas avoir ressentie l'émotion escomptée. Allechée par le casting et la bande-annonce, mes attentes n'ont pas été pleinement satisfaites.Le récit de vie tragique auquel je m'attendais s'est avéré n'être qu'un mélodrame hésitant.

Resituons les faits : Sam, Tobey Maguire, et Grace, Nathalie Portman, incarnation parfaite du couple d'américains middle class, vivent heureux entourés de leurs deux filles. Ce quotidien paisible est rompu par l'arrivée impromptue d'un frère, Jake Gyllenhall, sortant de prison et le départ précipité de Sam pour l'Afghanistan.
De sa mission militaire, il en ressortira comme mort.
La vie va reprendre doucement son cours, entre courage et reconstruction. De ce desespoir ambiant va se dessiner craintivement un rapprochement entre cette jeune femme endeuillée et ce frère désireux d'expiation. Lorsque Sam, libéré par l'ennemi, est de retour chez lui...

Jim Sheridan nous immisce dans la spirale psychologique d'un soldat revenu de guerre. Il dépeint avec subtilité la culpabilité militariste et ses dommages collatéraux au sein d'une famille. Le triangle amoureux, qui s'est profilé de manière latente, va exploser et laisser place à des personnes déchirées par la guerre,le malheur et les élans de réhabilitation. Tobey Maguire, en proie à ses actes passés et multiples fantômes, va précipiter son entourage dans un état de perdition inéluctable.

Le jeu, juste et grave, de ce trio d'acteurs parvient ainsi à nous faire accepter ce dénouement quelque peu prévisible et les clichés liés aux traumatismes des anciens combattants. Mais il ne suffit pas à rehausser la trame basique de ce récit "d'après-guerre".

Ps : Brillante interprétation des deux fillettes, victimes malgré elles.
2.5 Ponyo

lundi 1 février 2010

Le refuge - François Ozon


Ozon brosse avec délicatesse le portrait d'une jeune femme enceinte: Mousse, ancienne héroïnomane, a vu sa vie basculer lors de l'overdose mortelle de son compagnon. Déboussolée, elle va tenter de faire face à ses démons en se retirant volontairement sur la côte basque. Une maison avec vue sur la mer comme refuge et l'isolement comme remède contre ses addictions et son ancienne vie dissolue. Exil salutaire rapidement rompu dès l'arrivée du jeune frère du défunt...

L'histoire initialement réaliste va tourner à l'improbable dès l'apparition de ce frère énigmatique.D'un récit simple et épuré, nous allons assister à une succession de scènes improbables et peu convainquantes.L'interprétation magnifique d'Isabelle Carré et celle du prometteur Louis-Ronan Choisy apportent émotion et justesse à cette chronique sociale un brin naive mais ne suffisent pas à lui insufler rythme et dynamisme.

1.5 Ponyo