mercredi 2 juin 2010

Dans ses yeux - Juan José Campanella


Prochainement

mardi 11 mai 2010

Enter the void- Gaspard Noé


La critique qui va suivre sera à l’image du film de Gaspard Noé : Dense, fragmentée, UNIQUE.

Expérience :Planante.Magnétique.Fascinante.Hypnotique.Sensorielle.Stimulante.Eblouissante.Esthétique.Etrange/Histoire :Tokyoïte.Nocturne.Fraternelle.Malsaine.Camée.Fantasmée.Perverse.Incestueuse.Oediepienne.Traumatisante.Provocatrice.Perverse.Erotique.Pornographique. Impulsive.Transgressive.Médicalisée.Policière.Mortelle.Furieuse.Ennuyeuse.Vide.Répétitive.Interminable.Radicale


Enter the void
s’apparente comme un trip sous acide dès les premiers plans. L’esthétisme supplante le scénario, la bande son transcende les dialogues, l’image virevolte dans les airs et se distord… Nous voici entrainés à mille lieux des productions formatées. Le temps suspendu, nous malmène entre passé et présent. La ville nippone, tantôt réelle tantôt onirique, nous égare dans ses ruelles sinueuses et criardes. Et nous voilà, à notre tour, entrain de subir ce même processus de désintégration. Nous ressortons de cette expérience cinématographique aveuglés, abasourdis et déconcertés.

2 Ponyo


jeudi 29 avril 2010

Nuits d'ivresse printanière - Lou Ye


Immersion clandestine dans une Chine urbaine et nocturne, où le tumulte des grandes villes exalte les sens. Ou comment tomber sous le charme d’un film, d’une photographie, d’un acteur…

Une jeune femme soupçonne son mari, Wang Ping, d’infidélité. Est engagé Luo Haitao. En révélant la relation homosexuelle de ce dernier, ce « détective » va peu à peu développer une attirance ambigüe pour le mystérieux amant, Jiang Cheng. Troublé, il va entraîner sa petite amie, Li Jing, dans un triangle amoureux enivrant et destructeur…

Interdit de tournage par les autorités chinoises, You Le ne nous dépeint pas uniquement une idylle homosexuelle mais il nous livre une fable mélancolique sur l’obsession amoureuse et la jalousie. Les personnages s’aiment et se déchirent. Les corps libérés exultent dans des étreintes passionnelles pour au final égarer les esprits. La mise en scène à fleur de peau renforce l’intensité dramatique des amours fugaces. L’errance sentimentale du beau Jiang Peng est sans horizon, le trio amoureux qu’il forme avec le jeune couple semble complètement désemparé. Et nous voilà, à notre tour, tout autant déboussolés…

La réalisation est intimiste et les plans filmés à la volée. Les images sont d’une rare beauté : les lumières saturées et le son sourd des boites de nuit rappellent l’univers hypnotique de Millenium Mambo. Le grain de la photographie fascine tout autant que la musique enivre. Et ce titre ! Quelle plaisir de pouvoir le nommer ! Il est tiré d’un livre de Yu Dafu, chaque évènement majeur est accompagné de vers calligraphiés transposés à même l’image. On en reste sous le charme… La poésie déteint sur les images et offre des plans séquences remarquables: la danse des amants en pleine rue, le karaoké, la balade en voiture et en bord de mer…

Certes les scènes charnelles sont crues (Le secret de Broke Back Mountain semble être une comptine pour enfants en comparaison) et des petites longueurs se font ressentir, mais elles ne dénaturent pas la force poétique de ces histoires d’amour et ne suffisent pas à rompre l’envoutement.

Ce film a bien mérité sa Palme du Meilleur Scénario au Festival de Cannes 2009, on regrettera seulement sa sortie en salles presqu’un an après.


Mon coup de cœur du printemps !

PS : Ames sensibles aux étreintes homosexuelles sulfureuses, passez votre chemin !

4 Ponyo



mardi 27 avril 2010

Mammuth- Benoit Delepine


Prochainement,
rédigé par le Ponyo 2 :)

mercredi 14 avril 2010

Les invités de mon père - Anne Le Ny


Venir en aide à une famille d’immigrés pour une cause humanitaire, en voilà un geste formidable ! Cet acte militant est mené par Lucien ! Octogénaire et médecin retraité, ce dernier reçoit l’approbation de ces enfants jusqu’au jour où son implication va bousculer l’équilibre familial préétabli. Engagement altruiste dérivant en mariage blanc, les relations familiales avec son fils Arnaud et sa fille Babette vont peu à peu se disloquer...La course à l’héritage est en jeu !

Le film brasse avec finesse un sujet d’actualité : l’immigration clandestine. Aucun jugement et manichéisme surplombent ce thème grave, seul l’humour mordant prévaut. Cette chronique sociale et surtout familiale est enjouée, les dialogues font mouche et les personnages sont campés avec brio. Fabrice Luchini est époustouflant de sobriété et de cynisme face à son desheritage imminent quant à Karin Viard, elle est complètement désespérée. Ce duo fraternel nous fait autant sourire que blêmir. La nature humaine, via ses idéaux et moyens d’y parvenir, est peinte avec justesse et tendresse.

On ressort de la séance léger et en admiration devant le jeu de Luchini !

2.8 Ponyo

lundi 12 avril 2010

My own love song - Olivier Dahan

Lettre à Olivier Dahan
Réalisateur, producteur, scénariste
J’accuse Monsieur Dahan Olivier de s’être écarté du cinéma dit français pour s’adonner aux mélodrames américains. Après le triomphe international de La Môme et face aux sirènes du succès, j’accuse ce réalisateur de s’être laissé tenter par le Rêve Américain : Un road-movie trépidant conciliant humour et drame, ponctué de rencontres hasardeuses et de personnages en quête de rédemption. Du déjà-vu !

My own love song incarne avec perfection une copie insipide de films US indépendants. Monsieur Dahan, réaliser un film à petit budget et à succès ne se concrétise pas uniquement en juxtaposant des éléments scénaristiques forts du cinéma américain. L’histoire de Jane, ex-chanteuse handicapée qui part avec son seul ami, schizophrène de surcroît, à la rencontre de son fils semble avoir élaborer son scénario sur une succession de scènes de films existants : un peu de Crazy Heart pour l’histoire d’un chanteur déchu en quête de salut, un brin d’Away we go pour le défilé d’amitiés fortuites, un soupçon de Little Miss Sunshine pour les passages burlesques d’un périple à travers l’état américain et deux touches de Juno pour la fantaisie visuelle. Les bons sentiments, chers aux réalisateurs américains, ne scient pas forcément au public français. D’autant plus si la ballade souhaitée se métamorphose en fantasmagorie naïve. On aurait pu être charmé par la photographie haute en couleur si celle-ci ne laissait pas la vive impression d’être surfaite et tape-à-l’œil. Les audaces visuelles (incrustations d’oiseaux et d’anges) ont renforcé le manque de finesse du scénario. L’histoire assez simple aurait pu acquérir une dimension plus fantaisiste et originale, malheureusement l’effet inverse s’est enclenché. Le mauvais goût et le pathos à tout va ont pris l’ascendant sur le scénario. On s’est même senti obligé de verser une larme pendant les chansonnettes de Jane et cela est fort désagréable. Pleurer pour une histoire dans laquelle on n’est pas du tout rentré est une sensation déroutante que je ne recommande à personne ! Passez votre chemin…

PS : j’élève ma note pour les interprétations de Renée Zellweger, Forest Whitaker et Nick Nolte.

1,2 Ponyo

mercredi 7 avril 2010

Ensemble nous allons vivre une très très grande histoire d'amour... Pascal Thomas


Quelle drôle d’impression à la sortie du film ! Je ne sais pas si je dois ressentir de la satisfaction ou de la déception… Ce florilège d’intrigue amoureuse incongrue et de clichés intentionnels m’a laissé perplexe et pourtant je suis ressortie de la salle le cœur léger.

L’histoire d’amour entre Nicolas et Dorothée est teintée d’un romantisme et d’un lyrisme désuet, poussés à leur extrême. A la manière d’un roman photo et décomposé en chapitres, ce conte de fée atemporel nous convie dans la relation tumultueuse d’un couple idéaliste. Passant d’une pieuse idylle, à un amour pur, à des déchirements jalousifs puis une reconquête diabolique, le couple incarné par Julien Doré et Marina Hands est farfelu à souhait. Leur douce folie peut enchanter ou agacer mais dans tout les cas elle ne laissera pas le spectateur indifférent. Complètement atypique et à contre courant des comédies romantiques actuelles, ce film est à prendre au 10ème degré. Une certaine tolérance et ouverture d’esprit est même requise pour pouvoir accepter et apprécier les péripéties burlesques et à l’eau de rose de cette très très belle histoire d’amour… La photographie bucolique et la mélodie semblent totalement en adéquation avec ce genre de comédie à l’ancienne où la naïveté et la légèreté scénaristique priment intentionnellement. Je ne nierai pas le fait que la narration manque de rythme, les péripéties sont inégales et de ce fait la mise en scène semble bâclée. Julien Doré s’en sort plutôt bien dans ce premier rôle, Marina Hands est délicieuse, Guillaume Gallienne renforce le côté burlesque de ce ménage à trois… Je n’en dis pas plus !


Ce film est donc à prendre à la légère et de là vous pourrez être satisfait de regarder un petit film à la fois décalé et déroutant. Avec ses points positifs et négatifs.

Ps : Ames rationnelles et anti- Doré, restez chez vous !

2.4 Ponyo

mercredi 31 mars 2010

Dream - Kim Ki Duk


Adhérer au mouvement surréaliste peut paraître simple et pourtant s’y illustrer comme réalisateur et scénariste reste une tâche périlleuse. Kim Ki duk s’est révélé être un prosélyte du manifeste d’André Breton, conciliant harmonieusement le réel et l’irréel, le rationnel et l’intuitif… La primauté donnée à l’Amour permet de mettre scène tous les déraisonnements mentaux et affectifs liés aux relations humaines : l’onirisme plante le décor, l’esthétisme nous embarque dans un univers surréaliste, à la fois vide de sens et tapissé de symboles. Kim Ki Duk nous a habitués à ses films fantastiques où le basculement de la réalité à l’irréel se manifeste à un croisement de rue, où les événements improbables paraissent rationnels car totalement ancré dans la logique surréaliste. Après le magnifique Les Locataires, le cinéaste coréen a enchaîné les réalisations : l’Arc, Samaria, Time, Souffle puis Dream…Chaque film met en scène des relations amoureuses sans dialogues, totalement pulsionnelles, où l’image prévaut et les métaphores closent l’histoire. Et pourtant au fil du temps, les histoires qu’il nous conte perdent de leur magie. Ce rythme effréné l’a-t-il mis à bout de souffle, non d’inspiration mais de réalisation, de cohérence et de profondeur ?

Dream recycle les figures de style propres au réalisateur. Il nous transporte une fois de plus dans un drame poétique où les rêves obsessionnels d’un jeune homme se voient concrétisés par une jeune femme somnambule. Antithèses imagées récurrentes. Le noir et le blanc. Le rêve et la réalité. Le yin et le yang. Jin et Ran.
Les souvenirs remontent et provoquent des rêves funestes… Comment empêcher ce parallélisme onirique entre deux êtres antinomiques ? André Breton parlait de « Vases communicants » pour définir cette inversion et dédoublement des rôles ; Kim ki duk, lui, affectionne particulièrement ces intrigues. Nous voici donc emportés dans les méandres d’une dérive nocturne, les rêves défilent, les actions s’exécutent. Jin est persécuté par ses pensées obsessionnelles pour son ex- bien aimée, Ran quant à elle, se voit obligée de réaliser ces fantasmes destructeurs sur son détesté ex compagnon. L’Amour nostalgique et la Haine résignée se confrontent métaphoriquement. Quant au véritable Amour, le pur et libérateur, il trouve son incarnation en un papillon.

L’idée initiale aurait pu être spectaculaire, hélas la mise en scène indigente ne laisse qu’une vague impression de narration désordonnée et de scénario inachevé.
Dream s’enlise dans la répétition, il nous déconcerte et parvient à nous égarer. La brutalité qui émane de certaines scènes, oscillant entre automutilation et folie, sonne creux. L’esthétisme a supplanté l’intrigue, les personnages perdus frisent la caricature, la poésie s’est évaporée en un battement d’aile.

Ce dernier opus de Kim Ki Duk pose les limites d’un surréalisme mal maîtrisé et en perte de « cohérence ». Car même dans les univers fantasmagoriques, il y a des limites à ne pas franchir pour ne pas tomber dans le discrédit et faire voler en éclat tout l’onirisme du surréalisme.

Le papillon a finalement mal pris son envol…

2 Ponyo

lundi 29 mars 2010

Tout ce qui brille - Géraldine Nakache


C'est une jolie ode à l'amitié qui est mise en scène. Une comédie pétillante qui nous présente Ely, la juive et Lila, la musulmane, deux jeunes femmes singulières mais que tout semble rapprocher : la même banlieue, la même soif de liberté et de reconnaissance sociale, les mêmes aspirations et surtout le même attrait pour la vie parisienne mondaine entre strass et paillettes.

Ce premier long métrage s'inscrit dans l'air du temps, il nous resitue les aspirations sociales de deux banlieusardes attachantes et cela de manière optimiste. Certes les clichés du désir d'ascension sociale sont présents, la morale s'infiltre en happy end mais sont omis la haine et la violence, données trop souvent rattachées aux banlieues. L'humour est savamment dosé, les dialogues incisifs, le ton juste. Cette chronique post-adolescente rythmée permet de mettre en lumière deux comédiennes montantes : Leila Bekhti (pas aussi jolie que Moon :p ) et Audrey Lamy (hilarante en coach de gym). L'alchimie entre les actrices nous amène à ressentir une forte empathie pour ces filles aux caractères bien trempés et nous prendre au jeu de leur amitié vibrante.

C'est un film à voir entre filles, il permet de ressortir l'humeur joyeuse et avec la mélodie de Véronique Sanson en tête.
2.8 Ponyo

Alice aux Pays des Merveilles - Tim Burton


Cher Tim,

Réveille toi ! Cesse de nous convier dans tes univers trop lisses, imprégnés de fantaisie conventionnelle, mais laisse nous replonger dans les extravagances scénaristiques et l’Imaginarium de ta filmographie d’antan !

Alice au Pays des Merveilles de Lewis Carroll est un conte qui ne cesse de nourrir l’imaginaire de ses lecteurs et cela depuis plus de cent ans, faire appel à toi relevait donc de l’évidence… Et pourtant, te voici pris au jeu de cette course frénétique au spectaculaire et à la maîtrise technologique. L’enchantement visuel a supplanté la poésie et l’onirisme de ce conte hors du commun, de cette histoire aux franges de l’étrange. A trop te soucier des couleurs psychédéliques et des animaux numériques, tu nous as privé de tout le surréalisme et le non sens du livre. Le contenu est sans relief : ni fantasque, ni merveilleux, les personnages insolites deviennent de bien fades protagonistes : le chapelier toqué parait raisonné, la petite Alice a perdu sa naïveté et est devenue une Jeanne d’arc chevaleresque, le chat foin semble raisonnable et attendrissant, le loir dans la théière ne somnole plus... Seule la Reine Rouge a conservé son identité de souveraine névrosée et mégalomane.
Certes tu as modifié l’histoire pour la réadapter mais passer de l’autre coté du miroir s’est avéré être un projet périlleux et inachevé. Cette Alice au Pays des Merveilles qui en a émerveillé et dérouté plus d’un, s’érige telle une histoire logique dans ton film. Normalement en porte à faux et à contretemps dans ce pays imaginaire, Alice est devenue l’allégorie de la conquête et de la paix. Du haut de ses 19 ans, Alice a peut-être grandi trop vite et perdu son âme d’enfant. Tout comme cette nouvelle adaptation de l’œuvre de L. Carroll à l’écran…

C’est avec regret que je déconseille ce film.

PS : Quelle triste et curieuse idée d'avoir utilisée une chanson d'Avril Lavigne en générique de fin ... Bon, tout de même, je cite une chose positive : la 3D car j’ai adoré recevoir une tasse sur la tête en plein film !

2 Ponyo

Soul Kitchen - Fatih Akin

C'est dans une ambiance underground et dans le tourbillon d’une joyeuse cohue que nous suivons les déboires d'un restaurateur malchanceux. Zinos, grec habitant Hambourg accumule les poisses : une copine qui s'exporte en Chine, un amour remis en question, un frère taulard qui lui apporte son lot d'embrouilles, un restaurant au bord de la perdition, un cuisinier psychopathe amateur de bonnes choses et le retour d'une connaissance de longue date assez opportuniste... Les scènes anecdotiques s'enchaînent sur une bande son détonante et pourtant on sourit sans jamais vraiment rire. Les rebondissements à profusion semblent mal dégrossis, l'humour brouillon et les personnages gentiment paumés laissent une impression de comédie à la fois plaquée et décousue. On rit des malheurs du héros et se contente de l'optimisme prodigué par cette histoire rocambolesque.

La nouvelle vague de films allemands semble s’essouffler avec Soul Kitchen. Et pourtant il ne manquait qu’un soupçon d’épices pour donner de l’ampleur au scénario.

2 Ponyo

vendredi 19 mars 2010

L' Arnacoeur - Pascal Chaumeil


Le petit ami de votre fille est un looser ? Celui de votre meilleure amie est un sale type ? N’attendez plus et faites appel à Alex. Séducteur irrésistible et expert en romantisme, contactez de suite ce talentueux briseur de couple professionnel. Avec sa team de choc, il tentera d’ouvrir les yeux à toutes filles malheureuses et engluées dans des histoires d’amour sordides. Assurance et succès constituaient sa ligne de conduite jusqu'à ce qu’une de ses missions ne se complique…

Un scénario manquant d’originalité, une vive inspiration de comédie US, des clichés à l’emporte-pièce et des rebondissements convenus ?….Peut-être bien, mais quelle comédie rafraîchissante et pétillante!

Le pré-générique brillant nous offre un bel aperçu des 1h40 à venir, avec la description rythmée du personnage principal et de son job hors norme.
Le tandem Duris/Paradis fonctionne à merveille. Gaffeur et attendrissant devant une jeune femme farouche et mystérieuse, Alex va succomber petit à petit à son charme désarmant. En voulant à tout prix la séduire pour lui éviter un mariage malheureux, il n’arrivera plus à différencier son jeu de la réalité…

Les plans courts et rapides ainsi que la bande son entraînante permettent de donner un rythme effréné à cette course contre la montre. 5 jours de séduction, 50 000 euros à empocher, 1 couple à briser et 1 cœur à conquérir !
L’équipe loufoque, formée par Julie Ferrier, François Damiens et Romain Duris, est désopilante. Les scènes cocasses s’enchaînent laissant les spectateurs hilares, ni le rythme ni l’humour ne faiblit ! Jamais de mièvrerie, mais beaucoup de tendresse, cette comédie s’inscrit dans l’air du temps : résolument moderne !
Les seconds rôles sont craquants quant à Romain Duris, en alliant charme et désinvolture, il nous laisse pantois!

Pour conclure, je ne peux omettre d’évoquer la danse convaincante de Dirty Dancing et le Happy End savoureux !! Allez-y, courrez voir ce film sans prétention : c’est drôle, c’est français et on en ressort le cœur léger!

3,3 Ponyo

mercredi 17 mars 2010

Ghost Writer - Roman Polanski


Manipulation, conspiration et complot politique, Polanski nous convie dans l’intrigue haletante d’un polar à l’allure hitchcockienne.

Un ghost-writer est engagé pour achever la rédaction des mémoires d’un ancien premier ministre britannique. Un projet périlleux qui a laissé son prédécesseur pour mort. De découvertes en découvertes, le héros va tenter de démêler les faux semblants de la vérité. Lorsque éclate un scandale politique vertigineux…

Nous voici embarqués dans un thriller politique digne d’un scénario des années 70. L’intrigue se profile lentement. En crescendo. Laissant les rebondissements se dévoiler et les indices se résoudre, le suspense va monter en intensité tout le long du film jusqu’à ériger sa fin en apothéose.

Polanski nous offre un pur moment de cinéma : Il connaît ses classiques, excelle dans la maîtrise de la mise en scène, bluffe par l'esthétisme sobre de ses plans et arrive à marier efficacité narrative à une bande son captivante .
Dès la première scène, la tension est palpable, l’atmosphère trouble et oppressante va accroître le suspens ambiant – paysage insulaire, huit-clos quasi constant – cloisonnement dans une maison de verre – vont accélérer l’angoisse sous-jacente du « Ghost » et amplifier sa paranoïa.

Ewan McGregor est troublant de crédibilité dans ce rôle d’écrivain candide qui cherche à mener son enquête. Quelques touches d’humour sont distillées au fil de l’avancée de la machination, permettant à la fois de créer une rupture avec la tension générale et amplifiant en même temps cette sensation d’oppressement. Polanski joue avec le temps, l’accélère, le ralentit, le fractionne, il joue avec nos nerfs et nous déroute.

Serait-ce un film-miroir ? Ce cloisonnement et l’acharnement médiatique dont est victime Pierce Brosnan dans le film semblent trouver écho dans la réalité – la situation de Polanski. Un autre rapprochement peut être évoqué : le Ghost est confiné sur une île au large des Etats-Unis, il est obligé d’y rester afin de terminer les mémoires d’Adam Lang, et cela dans le plus grand des secrets. A la frontière des Etats Unis, il apparaît tel un exilé, traqué, qui se cache des périls issus du continent américain...

Certains diront que le film est trop classique ou le scénario trop simple, pour ma part ce polar politique a été apprécié avec délectation.

3 Ponyo

mardi 16 mars 2010

Achille et la tortue - Takeshi Kitano


En mal de talent, d’inspiration et de notoriété, Machisu s’acharne à concrétiser son rêve d’enfance : devenir un artiste peintre. Son obsession n’a d’égale que sa folie créatrice, qui le laisse aux franges de la réalité, des responsabilités et de sa vie. La quête de cette inaccessible étoile se verra ponctuée de désillusions et de coups du sort mais triomphera au final l’optimisme grâce à sa rencontre avec Sashiku.

Les toiles ratées s’amoncellent, tout comme les scènes de pure inventivité, Takeshi Kitano nous offre une mise en abîme de sa propre vie, une métaphore de sa condition d’artiste. Cette réflexion quasi autobiographique se déploie en trois tableaux successifs de la vie du peintre : l’enfance, la force de l’âge et l’âge mur. Oscillant entre épisodes funestes et purs moments de créativité, cette comédie pessimiste est attendrissante. Car au-delà de cette ambition dévastatrice, c’est une folle histoire d’amour qui est contée. La narration décalée et souvent absurde du film renforce les névroses malsaines de ce personnage déshumanisé par l’art ainsi que la relation de ce couple extraordinaire.

Takeshi s’amuse à reprendre le savant mélange de tons qui fait la singularité de la majorité de sa filmographie (L’été de Kikujiro). Pour notre plus grand plaisir! Et pourtant, Achille et la Tortue semble brouillon et disparate. Les péripéties rencontrées par Machisu sont inégales et parfois peu compréhensibles. On en vient donc à ressentir quelques longueurs même si la mélodie entêtante supplante ces instants de flottement et d’égarement un court moment.
Et ce titre, quelle curieuse devinette ! Chacun peut l’interpréter à sa manière et cela jusqu’à ce que Takeshi himself nous la dévoile un jour…

Cependant, je reste sur mon impression de départ : Achille et la tortue dégage une si douce mélancolie et une énergie si insensée, qu’il pourrait en surprendre plus d’un !

3 Ponyo

PS : Ames enfantines, originaux et takeshiphiles, foncez les yeux fermés à la Fondation Cartier où se déroule l’exposition « Beat Takeshi Kitano – Gosse de peintre » du 11 mars au 12 septembre. De plus, pour les adeptes ou potentiels amateurs de ce grand iconoclaste : rendez-vous au centre Pompidou pour une rétrospective de sa filmographie du 11 mars au 26 juin. Enjoy !

Crazy heart - Scott Cooper


The Dude est de retour ! Un court instant certes, mais il est réapparu furtivement dès la scène d’ouverture et dans un bowling qui plus est. Ne brouillons pas les cartes et revenons au film :

Crazy Heart met en scène la déchéance et rédemption d’un chanteur de country rongé par l’alcool. Habitué des bars miteux, bowlings, ou autres 1ères parties de concert, Bad Blake tente de redonner un second souffle à sa carrière musicale et un nouveau départ à sa vie. Sa rencontre avec Jean, journaliste locale, va se révéler salutaire : prise de conscience sur l’importance de la vie et ses priorités.

Traînant ses santiags et sa guitare, Jeff Brigdes nous sidère par la sincérité et la « sobriété » de son jeu. Conciliant fragilité, profondeur et humour, il évite les écueils du sentimentalisme de bazar. Crazy heart est le titre d’une chanson, entre mélancolie et amertume, cette composition est révélatrice de l’état d’âme du chanteur. La musique country en fond sonore nous berce, tantôt douce, tantôt âpre et magnifie tous les plans de ces paysages américains.

Cependant, voici que sonne la première et seule fausse note : il flotte comme une impression de déjà-vu…


Ce chanteur de country music sur le déclin rappelle vaguement un certain catcheur décrépit. Hollywood serait-il friand de ces portraits d’homme écorchés par la vie ? Une question me taraude pourtant, Jeff Bridges époustouflant d’authenticité dans le rôle de Bad Blake a remporté l’Oscar du meilleur acteur 2010 tandis que Mickey Rourke, en Randy the Ram dans The Wrestler, a été mis KO sur le ring par Sean Penn, et son Harvey Milk en 2009. Triste sort pour ce dernier…

Que vous ne soyez nullement amateur de country music ou de catch, Le bocal vous conseille tout de même de regarder ces deux films, car le parcours de ces personnages atypiques vaut le détour !

3.5 Ponyo

samedi 13 mars 2010

Chloe - Atom Egoyan


Il est de ces histoires qui frisent un surréalisme exploitable, où la trame du scénario s’apparente initialement à un bon thriller psychologique, mais qui au final tourne à l’improbable de bazar et se retrouve au cœur du prévisible. Chloe n’échappe pas à ce manque de rigueur scénaristique et de suspens, et pourtant l’interprétation bouleversante de réalisme de Julianne Moore sauve la donne un court instant…

Je resitue en quelques lignes l’histoire : Evoluant dans un cadre bourgeois et mondain, Catherine, en proie aux doutes et au temps qui passe, voit se déliter lentement la cellule familiale. Un fils qui réclame son indépendance et un mari suspecté d’adultère, l’amène à vouloir réaffirmer le contrôle de sa vie. Ses suspicions la poussent à engager une jeune escort-girl, répondant au doux nom de Chloé, pour découvrir la vérité. Cette manipulation machiavélique va mener Catherine vers une découverte troublante et sensuelle, qui mettra en péril sa famille et elle-même.

Atom Egoyan nous entraîne dans les tumultes d’un thriller troublant, où les émotions insoupçonnées de Julianne Moore et la sensualité d’Amanda Siegfried confortent toute la tension érotique du film. Ingénue à souhait, Chloé n’en est pas moins vénéneuse, on comprend pourquoi la brillante Julianne Moore s’est laissée envouter. L’image est soignée et subtile, la place primordiale donnée au jeu de regards et aux expressions du visage renforce le suspens latent.

Et pourtant, cette adaptation du film d’Anne Fontaine, Nathalie, n’arrive qu’à effleurer partiellement la matière sulfureuse de cette histoire à tiroirs. Chloe est lisse, conventionnel, sans apport de nouveautés. Encore un film qui aurait pu se contenter d’être un bon téléfilm de dimanche après midi !

PS : bon, j’admets, mention spéciale et méritée pour Julianne Moore et Amanda Siegfried, désirables à souhait :p

1.8 Ponyo

jeudi 11 mars 2010

Le rêve italien - Michele Placido


Rome.1968 .Une révolution socio-politique est amorcée, les tumultes contestataires se propagent dans les universités italiennes, la lutte contre les inégalités sociales est désormais au centre des protestations estudiantines.
Nous voici donc embarqués au cœur de l’Histoire et de l’action. Et pourtant se dessine au milieu des tumultes, un triangle amoureux mené de front par Laura,une bourgeoise engagée en mal d’identité, son amant transi Nicola, flic infiltré aspirant à devenir comédien et Libero, leader charismatique du mouvement étudiant.

Entre idéaux et va-et-vient amoureux, le film sonne creux.
Le trop plein de nostalgie, le lyrisme exacerbé et la profusion de clichés peinent à mener ses débordements contestataires vers l’élan insurrectionnel désiré par les spectateurs. Le film est conventionnel et ne suscite pas d’émoi particulier. L’Italie de 68 ne fait pas vibrer car aucune réflexion approfondie aux événements de l’époque n’est suggérée. Certes sont cités les massacres de la guerre du Vietnam, la mort du Che et l’assassinat de Luther King, mais cela ne suffit pas à expliquer la fougue d’une jeunesse italienne en lutte contre le système.

Le parti pris romanesque de Michele Placido ne donne aucune substance aux différentes oppositions qui constituent l’histoire : la rivalité entre Libero et Nicola, l’implosion de la cellule familiale entre parents et enfants contestataires, les incompréhensions entre professeurs et élèves, ainsi que la lutte entre classes bourgeoises et inférieures.
La narration plate et l’esthétisme digne d’un téléfilm n’offre qu’une pale version d’un Roméo et Juliette italien malmené par les idéologies de 68.

Issue d’une époque passionnelle, cette histoire vraie est malheureusement engluée dans un romantisme clinquant. Dommage pour nous… L’intérêt du film ne repose que sur le choix des acteurs : surtout Riccardo Scarmacio :)

2 Ponyo

lundi 8 mars 2010

Precious - Lee Daniels


L’histoire de Precious n’a rien d’ordinaire : 16 ans, noire, obèse, mère d’une enfant trisomique et une nouvelle fois enceinte de son père, illettrée, séropositive et habitant Harlem avec sa « Thénardier » de mère, cette adolescente américaine endosse quotidiennement avec peine et courage toutes sortes de violences physiques et morales. S’accrochant en vain à ses fantasmes colorés et à son apprentissage dans une école alternative, elle trouvera comme unique exutoire le salut par les mots.

Lee Daniels arrive à retranscrire une histoire qui de part sa noirceur dégage une beauté immaculée. Serions-nous face à une martyre, qui aux travers de tous ses maux, arrive cependant à transcender la sordidité de son existence pour insuffler une bribe d’espoir ?

Precious n’est pas un mélodrame larmoyant. C'est un film indépendant qui offre un scénario plus complexe qu'on ne le pense à ce fait réel.
Par son parti pris esthétique et artistique, le réalisateur évite tout misérabilisme et pathos surjoué. L’originalité de la réalisation réside dans cette dualité de scènes violentes aux dialogues percutants et ces moments d’onirisme, où Precious supplante le temps d’une rêverie la cruauté éprouvante de sa situation.
Toute la puissance dramatique résulte de cette adéquation surprenante de réalisme social et de fantaisie. Tragédie urbaine rapidement malmenée par une mise en scène énergique et une bande son enjouée.

L’interprétation de Gabourey Sibide est simple et à fleur de peau, celle de Mo’Nique (Oscar du meilleur second rôle) est époustouflante.

Precious est un film singulier à la fois pénible et attachant! A déconseiller pour les âmes trop sensibles !

PS : « Le film qui a fait pleurer Obama ! »- ELLE
On se passerait bien de cet argument :)

3 Ponyo

Shutter Island - Martin Scorsese


Bienvenue dans le grand théâtre de l'horreur et de la peur ! Veuillez accrocher les fils au bout de vos bras, Scorsese, le grand maître marionnettiste, va commencer sa représentation.
Dès les premières scènes d'ouverture, la chose est en effet acquise: Scorsese a décidé de jouer avec le spectateur, de le perdre, puis de lui donner les clefs, pour mieux le replonger dans les méandres de cette île et du cerveau de son héros.

L'histoire? En 1956, à la sortie d'après-guerre, un Marshall et son assistant arrive sur l'île de Shutter Island. Une sorte l'Alcatraz physique et mentale où vivent les pensionnaires (de dangereux déséquilibrés?) et leurs geôliers (de dangereux déséquilibrés?). Bref, une sorte d'asile du docteur Moreau... L'enquête sur la disparition d'une détenue commence, dans cette atmosphère assez peu guillerette.

Quelle est la recette du dernier film de Scorsese? Le réalisateur nous livre un « mille-feuille » cinématographique, un film à voir (et revoir...) sous différents angles.

Première couche, le thriller psychologique. Une tension permanente habite le film. Scorsese multiplie les intrigues, alterne les scènes d'actions physiques et les épreuves psychologiques, essouffle ses acteurs et ses spectateurs sans que le film, lui, s'essouffle une seconde.

Deuxième couche, le film introspectif. Des falaises abruptes, une atmosphère lugubre, des patients comme autant de caractères psychologiques, la découverte de l'île et de ses recoins les plus sombres semble également accompagner l'exploration cérébrale du héros et de ses névroses les plus profondes.

Troisième couche, le satyre politique. Si celle-ci semble centrale au début du film, avec une critique féroce des pratiques politiques de l'ombre, aux Etats Unis au sorti de la guerre, elle n'apparaît finalement qu'en mineur sur la fin. Le traitement de l'arrivée des américains dans les camps de concentration, souvenir de guerre du héros, n'en apparaît que plus obscène: stylisé, bien cadré, scénarisé, l'évocation de la Shoah qui, sans jeu de mots, n'apparaît pas comme une finalité dans l'histoire du film, mais comme une simple ficelle servant le scénario qui n'apporte que gène et perplexité.

En dehors de ce passage délicat, on se délecte devant ce cours magistral de cinéma. On s'amuse devant la scène d'ouverture qui use et abuse des artifices du film d'horreur. On aime la scène hitchcockienne lorsque le héros se retrouve sur la falaise. On adore se faire manipuler par les personnages de cette galerie des horreurs, plus inquiétants les uns que les autres: le professeur, Ben Kingsley, comme sorti d'une version lugubre de Tintin et l'île noire, Leonardo, intense et sombre ou Michelle Williams, dont la pureté semble annonciatrice de sombres menaces.

4 Ponyo

lundi 1 mars 2010

A single man - Tom Ford


Amérique. 1962. Voyage immobile dans la vie de George Falconer.
Une journée confrontée à la lente érosion d’un homme meurtri par le décès de son compagnon.

Digne d’un personnage Fitzgeraldien, Colin Firth évolue dans un univers glacé où chacun de ses gestes semble dégagé de son conditionnement initial : Ne se dessine pas devant nous le portrait d’un archétype social (personne aisée, professeur d’université cultivé et homosexuel raffiné) mais surgit l’allégorie de la sensibilité.

Le deuil social d’un amour prohibé s’esquisse avec finesse, l’émotion est pudique, l’esthétisme lumineux.
N’omettons pas le fait que Tom Ford est avant tout un des couturiers les plus influents actuellement et qu’il n’est nullement effrayé de mettre en avant des éphèbes directement sortis d’une édition de Vogue et de prouver son attachement aux corps. A travers son personnage, les défaites de George Falconer sont les siennes.

Même si les dialogues paraissent peu poussés et certaines scènes imparfaites, la narration reste élégante et Tom Ford arrive à nous faire apprécier un film de l’instantané : il excelle à définir cette atmosphère de solitude planante et de nostalgie sensuelle, à saisir la beauté de l’instant et des émotions. La photographie est quant à elle sublime.

La préciosité de cette histoire amère est renforcée par le jeu sobre et digne d’un Colin Firth au sommet de son art et d’une Julianne Moore émouvante à souhait.

A single man est un joli coup d’essai!

3 Ponyo

jeudi 18 février 2010

Fantastic Mister Fox - Wes Anderson


Si votre enfant de 8 ans se pose des questions sur le sens de la vie et sur ses rapports avec les autres, qu'il aime tout de même Roald Dahl, ce film est pour lui. Sinon, il se contentera de regarder Charlie et la Chocolaterie.

Car l'univers de Wes Anderson ne se contente pas d'être visuel, il est avant tout composé d'êtres tourmentés, Mister Fox et ses acolytes n'y échappent pas.
Si ce fantasque réalisateur adaptait "Oui Oui" au cinéma, il l'aurait certainement rebaptisé "Oui Non, peut être, en fait je ne sais pas trop".

Après la famille névrosée Tenenbaum et celle médicalisée du Darjeeling Limited, Wes Anderson nous compose un nouveau portrait de famille hors du commun : un fantastique père, en pleine crise de huitaine (quarantaine en âge renard). Une maman, anxieuse et peintre spécialiste d’orages prophétiques. Un fils en pleine crise pré-renardolescente, à la fois boudeur, cracheur, et antihéros en pyjama, qui n'arrive pas à la hauteur de son père bien que doté d’une super cape. Un jeune cousin, extérieurement sans soucis, intérieurement mélancolique.
Une succession de rapports familiaux compliqués qui n’ébranleront aucunement la tendresse tissée entre les personnages.

Ah oui, il y a aussi l'histoire: la famille Renard doit affronter trois affreux méchants fermiers (gros, maigres et grands) après que Nostalgic Mister Fox ait repris ses activités de braconnage. Sauf que ces trois vilains ne sont pas des tendres et s'attaqueront au terrier-arbre de la famille à coup de marteau- pilon...
Nous vibrons pour les aventures trépidantes des Renards et de leurs amis rongeurs, ponctuées de moments de poésie (scène surréaliste du loup) et d'humour pince sans-rire.

Enfin, nous sommes loin de la perfection numérique des studios Pixar:cette immersion dans un atelier d'artisans marionnettistes confère au film un aspect vintage, hors d'âge. Les costumes calqués sur le style très dandy du réalisateur, la bande-son, ses parenthèses oniriques, apportent à l'oeuvre un style unique ainsi qu’une atmosphère flottante et étrange.


PS : ne loupez pas un Fantastic Mini Site:
http://publi.lemonde.fr/fantasticmrfox/

3.5 Ponyo

mercredi 17 février 2010

Oceans - Jacques Perrin & Cluzaud


Jacques Perrin nous entraîne dans les tumultes d'une odyssée sous-marine peu observée jusqu'alors.
Quatre années d'expédition ont été nécessaires à la réalisation de cette ode à la vie aquatique. Tour à tour, nous nous retrouvons embarqués sur le dos d'un requin, emportés par la valse des méduses et englués dans un banc de thons polymorphes ... L'image est tout simplement fascinante.Cette réalité, transposée à l'écran, apparaît comme irréelle. Les couleurs irradient, les textures sont palpables, l'eau translucide, nous voilà embarqués dans un opéra hors du commun.

Mais ces images suffisent-elles à captiver les spectateurs et amateurs de faune et flore?
L'élégance et la sobriété de la réalisation n'octroient pas le fait que le film est composé de manière décousue. Nous assistons à un sage mais époustouflant défilé de créatures sous-marines (difficilement identifiables pour certaines) : la narration discrète et le manque d'explications scientifiques ne permettent pas d'animer le contenu et de rendre le film pédagogique. Une certaine lenteur se ressent et celle-ci est décuplée par la musique classique en berceuse.
D'autant plus, nous n'échappons pas à la finalité moralisatrice de cette aventure océanique.L'épilogue et la conclusion, qui englobent l'histoire, s'apparentent comme une naive retranscription du mythe du Petit Prince au monde marin.
Cette célébration aquatique ne se laisse donc porter que par la conscience écologique qu'elle suscite.Néanmoins, Oceans est un film documentaire d'une beauté surprenante à voir absolument.

PS : " Les poissons sont nos amis!"

2.5 Ponyo


jeudi 11 février 2010

I love you Philipp Morris - John Requa


Ou la vie incroyable de Steven Russell, ancien officier de police, père de famille aimant et humble dévot qui s'est métamorphosé en gay assumé et arnaqueur hors pair : révélation déclenchée par un accident de voiture...

A la croisée du Roman d'un tricheur de Guitry et de Catch me if you can de Spielberg, John Requa nous entraîne dans la course rocambolesque d'un parfait escroc, campé avec brio par Jim Carrey. Le prélude nerveux et audacieux nous laisse entrevoir l'existence irréprochable de la bontée incarnée : une vie idyllique qui va se disloquer intégralement à la suite de cette illumination.
Comment passer en un tour de main de bon citoyen à estampeur inégalable?
Steven Russell éblouit l'écran et surtout sa propre vie. De fraudes à l'assurance aux usurpations identitaires, son ascension effrenée vers la réussite va se voir entraver par ses multiples tentatives de suicides et périodes d'incarcération mais surtout par la découverte du... grand Amour. Philipp Moris/Ewan Mc Gregor offre un jeu d'une fragilité quasi-palpable. Il apparaît tel un sauveur pour Steven Russell qui érige leur amour comme Unique vérité à sa vie chaotique!

De leur romance émane une force romanesque désopilante qui sied parfaitement à cette histoire hors du commun. Ce mélange homosexualité, burlesque, mélodrame reste euphorisant même si les nombreux rebondissements n'arrivent pas à insuffler un rythme régulier au film.

Un conseil : Ne vous fiez pas au titre et à l'affiche du film, qui comme son protagoniste principal n'est que tromperie. Ce n'est pas une simple idylle homosexuelle qui est contée mais les choix de vie haut en couleur d'un homme désespéré en quête de succès.

La "tête dans les nuages" pendant 1h35 et nous sortons de la salle le sourire aux lèvres!


PS : Merci à EuropaCorp d'avoir produit ce film - histoire trop controversée donc boudée par les studios hollywoodiens!
3 Ponyo

mercredi 3 février 2010

Brothers- Jim Sheridan


Sentiment contradictoire à la sortie du film. A la fois touchée par cette chronique intimiste sur la guerre mais aussi frustrée de ne pas avoir ressentie l'émotion escomptée. Allechée par le casting et la bande-annonce, mes attentes n'ont pas été pleinement satisfaites.Le récit de vie tragique auquel je m'attendais s'est avéré n'être qu'un mélodrame hésitant.

Resituons les faits : Sam, Tobey Maguire, et Grace, Nathalie Portman, incarnation parfaite du couple d'américains middle class, vivent heureux entourés de leurs deux filles. Ce quotidien paisible est rompu par l'arrivée impromptue d'un frère, Jake Gyllenhall, sortant de prison et le départ précipité de Sam pour l'Afghanistan.
De sa mission militaire, il en ressortira comme mort.
La vie va reprendre doucement son cours, entre courage et reconstruction. De ce desespoir ambiant va se dessiner craintivement un rapprochement entre cette jeune femme endeuillée et ce frère désireux d'expiation. Lorsque Sam, libéré par l'ennemi, est de retour chez lui...

Jim Sheridan nous immisce dans la spirale psychologique d'un soldat revenu de guerre. Il dépeint avec subtilité la culpabilité militariste et ses dommages collatéraux au sein d'une famille. Le triangle amoureux, qui s'est profilé de manière latente, va exploser et laisser place à des personnes déchirées par la guerre,le malheur et les élans de réhabilitation. Tobey Maguire, en proie à ses actes passés et multiples fantômes, va précipiter son entourage dans un état de perdition inéluctable.

Le jeu, juste et grave, de ce trio d'acteurs parvient ainsi à nous faire accepter ce dénouement quelque peu prévisible et les clichés liés aux traumatismes des anciens combattants. Mais il ne suffit pas à rehausser la trame basique de ce récit "d'après-guerre".

Ps : Brillante interprétation des deux fillettes, victimes malgré elles.
2.5 Ponyo

lundi 1 février 2010

Le refuge - François Ozon


Ozon brosse avec délicatesse le portrait d'une jeune femme enceinte: Mousse, ancienne héroïnomane, a vu sa vie basculer lors de l'overdose mortelle de son compagnon. Déboussolée, elle va tenter de faire face à ses démons en se retirant volontairement sur la côte basque. Une maison avec vue sur la mer comme refuge et l'isolement comme remède contre ses addictions et son ancienne vie dissolue. Exil salutaire rapidement rompu dès l'arrivée du jeune frère du défunt...

L'histoire initialement réaliste va tourner à l'improbable dès l'apparition de ce frère énigmatique.D'un récit simple et épuré, nous allons assister à une succession de scènes improbables et peu convainquantes.L'interprétation magnifique d'Isabelle Carré et celle du prometteur Louis-Ronan Choisy apportent émotion et justesse à cette chronique sociale un brin naive mais ne suffisent pas à lui insufler rythme et dynamisme.

1.5 Ponyo

dimanche 31 janvier 2010

La princesse et la grenouille - Disney


Le retour à la 2D pour le plus grand plaisir des nostalgiques!

Disney nous offre un conte de fées dans la grande lignée de ses dessins animés à succès. Tous les ingrédients sont réunis : une histoire d'amour, un terrifique sorcier, des compagnons de route à quatre pattes, des chansons à fredonner...

Nous revoilà immerger dans l'univers féérique de Disney, qui cependant a réussi à évoluer avec son temps! Ce n'est pas la commune histoire d'une princesse qui est dépeinte, mais celle de Tania : jeune fille indépendante et moderne, venant d'une modeste famille de la Nouvelle-Orléans, qui rêve d'ouvrir un restaurant et de concrétiser ainsi le projet de son défunt père. Pour cela, comme la morale de l'histoire le décrit si bien "le talent ne suffit pas, il faut travailler pour réussir...". Tania va donc cumuler différents emplois et éviter les tumultes des sorties et plaisirs. Face à elle, nous retrouvons sa meilleure amie,bourgeoise superficielle au grand coeur et un prince, vaniteux épicurien destitué par ses parents. Les codes sont inversés et les personnages n'offrent pas les clichés sociaux qui leur sont prédestinés...

Les rêves d'enfant des deux protagonistes féminins sont teintés de superstitions et légendes : un doux baiser donné à une grenouille et les voeux s'accomplissent! Un restaurant pour l'une, un prince comme mari pour l'autre!
Sauf quand ce doux baiser est imprégné d'une malédiction du maître des ombres et transforme son sauveur en batracien!
La quête de leur état intial est le fil conducteur de l'histoire, le prince ensorcelé et Tania vont devoir surmonter péripéties et pièges semés par le vil gourou et cela avec l'aide d'un crocodile "balourd" et d'une luciole farfelue.
La musique swinggue, les gags s'enchaînent, les coeurs s'embrasent et les méchants trépassent : un bon vieux Disney comme on les apprécie!

3 Ponyo

Mother - Jooh-ho Bong


Ou l'amour inconditionnel d'une mère pour son fils à la fois pur et déraisonné.

Pour comprendre cette histoire, il faut tout d'abord accepter le fait qu'un enfant peut devenir un prolongement de l'être, par conséquent que la dévotion absolue d'une mère peut tout à fait se situer aux franges du fusionnel et du monstrueux...


Ce don de soi, c'est Do-Joon qui en hérite, jeune homme simplet accoutumé à cette protection maternelle exacerbée et n'ayant jamais pu développer qualités sociales et altruistes pour vivre en communauté. Ce grand beta, bouche entre-ouverte et yeux de biche, va se voir inculper pour meutre. La trame du thriller prend certes forme sans détours mais les rebondissements multiples vont en égarer plus d'un!


Après Memories of murder et The Host, Joon-ho Bong met en scène une fois de plus un simple d'esprit qui se retrouve héros et victime malgré lui au coeur de l'intrigue policière. Son unique sauveur sera incarné par une mère désemparée qui n'hésitera pas à franchir lois et morale pour innocenter son fils.


Kim Aye Ja, actrice de 68 ans, porte l'histoire sur ses frêles épaules.

Le générique annonce à la perfection l'atmosphère dans lequel vont baigner les personnages du film, une tension dramatique constante matérialisée à merveille par cette Mère-Courage. Les yeux dans le vague, la mine défaite, une femme ayant l'air à bout de force, pourtant, entame une danse au milieu d'un champ de blé. Allégorie de la persévérance.


Comme à son habitude, Joon-ho Bong excelle dans la réalisation d'un scénario oscillant entre drame, thriller, comédie et chronique sociale. Genre unique dans le cinéma contemporain, il revisite le thriller en ponctuant le film de ce rythme saccadé où les ruptures de ton contribuent en premier plan à l'intensité dramatique de l'histoire. Les mises en scène soignées et la photographie splendide (plan de l'urine et du bol de soupe) arrivent à marier poésie et trivialité et cela sans jamais paraître de mauvais goût.


La société coréenne est malmenée, le réalisateur n'hésite pas à exhiber la corruption de la justice et l'incompétence de la police.Je n'arriverai jamais à me lasser de la liberté d'expression et de la capacité à mélanger les genres de cette nouvelle vague de films coréens. Zero tabou, aucun vulgaire manichéisme, pas de bons sentiments, jamais de clichés...

Les émotions ressenties déclinées dans tout leur panel (rire-crainte-pleurs...) sont actuellement quasiment spécifiques à ce cinéma asiatique en plein essor.


Ne passer pas à côté de ce film!


4 Ponyo

jeudi 28 janvier 2010

Serious man - Joel & Ethan Coen

Et non, cette fois ci les frères Coen ne mettront ni en scène un raté, ni un criminel, mais un homme plein de bonté.

Serious man dresse le portrait d'un juif à la dérive. Larry Gopnik, petit professeur du Midwest, entame sa descente aux enfers dès l'annonce de sa séparation avec sa femme. Il est en proie à toutes sortes de tourments et enchaîne humiliations sordides et situations abracadabrantesques.Sa recherche éperdue de salut est mise en déroute par ses visites successives chez les rabbins du coin. Michael Stuhlbarg incarne à la perfection cet homme au bord du gouffre.

Le scénario pourtant manque de folie et de rythme. Nous avons face à nous une oeuvre personnelle et quasi insoluble pour les non-initiés au judaisme. Ce clivage poussé des personnages "juifs" pose un problème d'accessibilité et donc d'accroche. L'humour noir déployé marche un temps mais les péripéties paraissent vite décousues. Et surtout, pourquoi cet épilogue sorti de nul part et ce final aussi brutal? Laisser la fin en suspens semble vraiment facile et cette "dramaturgie" amorcée ne conviendrait pas forcément à ce registre de comédie.

Serious man, à la limite du drôle et du dramatique, est un film des Coen beaucoup trop sérieux.

2 Ponyo

mercredi 27 janvier 2010

Gainsbourg - vie héroïque - Joann Sfar


Un conte de J.Sfar...Le terme a pris toute son ampleur dès le générique du film où Gainsbourg en figure cartoonesque clope le long des districts. Bienvenue dans un Comic strip d'un genre particulier!

J.Sfar n'est pas tombé dans les écueils du genre mais nous a révélé son Gainsbarre fantasmé! Et cela à mon grand regret, mais tentons de voir les choses positivement!
"Ce ne sont pas les vérités de Gainsbourg qui m'intéressent mais ses mensonges" précise-t-il. Il nous offre une vision très personnelle de l'artiste en imbriquant fantaisie et scènes suréalistes tout le long du film. La Gueule, le double en carton-pâte de S.G, se faufile telle une ombre derrière le chanteur, jouant le rôle de conscience obscure. Et pourtant de ce trivial manichéisme on aurait pu s'en passer! Mais avouons que l'onirisme émanant de ces scènes hors norme se fondent naturellement dans ces passages de création et composition.

Le film nous amène à découvrir les instants de vie de l'artiste, de sa jeunesse dans les années 40 à sa période de décadence. Ces moments défilent à grande vitesse et offre une valse lisse de personnages qui ont marqué la vie S.G : Vian - Les frères Jacques - Gréco - Gall- Bardot - Birkin - Bambou - Charlotte...

Je ne vais pas cacher le fait que je suis une grande fan de S.G et que j'ai été déçue par le traitement inégal des différentes parties de sa vie : une jeunesse lourdement traitée face à un "Gainsbarrow" à peine abordé! Cependant, ce constat passé, je ne peux que me réjouir de l'interprétation d'Eric Elmosnino, qui de part sa ressemblance et son mimétisme, a réussi à faire revivre S.G le temps d'un film. Laetitia Casta en B.B et Lucy Gordon en J.Birkin interprètent également avec brio leur rôle de muses. Tout de même, petit bémol pour Philippe Katerine, qui en incarnant Boris Vian, n'offre qu'une médiocre singerie de cet artiste haut en couleur.

Gainsbourg-vie héroïque est une ode à l'artiste à la fois légère et grave. Un joli hommage à l'homme à la tête de chou!


2 Ponyo

Mr Nobody - Jaco van Dormael


Mr Nobody est à film à tiroirs qui plonge le spectateur dans l'univers de Nemo Nobody.

Un univers flottant entre imaginaire et réalité, à la fois décrit de manière scientifique via des monologues face-à-face caméra et totalement englué dans ses désirs inconscients.

Mr Nobody, c'est Monsieur Complexité, Monsieur Possibilités. Une personne qui ne laisse aucune chance au hasard et veut devenir le maître absolu de sa destinée.
Pourquoi être confronté à des choix cornéliens alors que tous les scénarios de vie sont réalisables?

Nous voilà donc, face à l'écran, observateur d'un moment décisif de la vie du petit Nemo, moment qui pourrait influer radicalement sur le cours de sa vie par le simple fait de choisir de vivre avec son père ou de suivre sa mère. Un seul mot, un seul choix, un unique regard et nous sommes embarqués dans ses différentes vies parallèles. Et pourtant, si au final toutes ces vies ne nous conviendraient pas et qu'il faudrait mieux usurper l'identité de la première personne venue pour se sentir véritablement soi et serein? Alors Contrôle ou Hasard? Pile ou Face?

Ces histoires frénétiques, un futur/passé/présent entremêlés, une temporalité mal-menée, un premier temps arrivent à nous charmer mais au bout du compte finissent par nous lasser.

C'est étrange de penser qu'un scénario a été conçu uniquement pour mettre en déroute les spectateurs et que sa succession d'incongruités arrive à desservir l'originalité initiale de cette aventure surréaliste.

Nemo Nobody est un savant marionnettiste qui tire les ficelles de sa propre réalité en nous offrant de multiples personnalités mais en ne dévoilant jamais sa véritable nature.
Cependant, ce film n'atteint pas le niveau fantaisiste de la Science des rêves de Gondry ou de Dans la peau de John Malkovich de Jonze.

Ps : jolie scène européenne avec Diane Kruger, Lin Dan Pham et Georges du Huitième jour.

2 Ponyo

Invictus - Clint Eastwood


Le nouveau Eastwood de début d'année, je l'attendais avec impatience même si la thématique Rugby ne suscitait aucun enthousiaste particulier de ma part.

Et pourtant, Invictus, c'est une jolie histoire (la fin de l'apartheid en Afrique du Sud sur fond de Coupe du Monde fédératrice), un Morgan Freeman s'imposant en Nelson Mandela et un Matt Damon en rugbyman surgonflé. La magie aurait du opérer...et non, elle a laissé place à une déception post-film. Déception subie avec regret!

Aucun attachement aux personnages, même si je ne peux nier la justesse du jeu des protagonistes principaux. Aucune émotion face à cette reconstitution "sportivement" historique. Aucun regain d'intérêt pour ce sport collectif. J'ai vu passé le film, comme on pourrait regarder un vulgaire reportage, en l'appréciant sur le moment, souriant de temps à autre mais ne développant aucun émoi particulier.

Les bons sentiments américains cumulés au sport, ce n'est pas ma tasse de thé.
D'autant plus, qu'un film de C.Eastwood sans réelle délectation, c'est frustrant!

2 Ponyo

Tetro - Francis Ford Coppola


Quelle jolie surprise de se rendre au cinéma par hasard et d'en ressortir le sourire aux lèvres et les yeux humides! Il faut tout de même avouer que l'affiche ne m'avait guère inspirée et surtout m'avait induite en erreur sur le genre du film auquel j'allais assister. Un polar de plus, me disais-je!

Mais dès les premiers plans, dès les premières sonorités cubaines, l'envoûtement a fait son effet. Je me suis embarquée dans ces retrouvailles familiales, avec son lot de tendresse et de tortures, plantées dans un décor idyllique où la vie de quartier et les personnages qui y gravitent suscitent l'envie.

Vincent Gallo, alias Tetro, en artiste frustré et frère captif, éblouit toutes les scènes en noir en blanc. Le mystère qui entoure son détachement familial dessine l'image d'un animal meurtri par un passé complexe. Il apparait tel un amnésique volontaire, propre garde fou de son histoire et de son talent d'écrivain.

Mais voilà que surgit un fantôme du passé, un jeune frère délaissé qui tente de renouer le lien fraternel. Le jeune Alden Ehrenreich est prometteur : un sourire à la Leonardo et un magnétisme à la Brando parviennent à émouvoir la jeune fille en fleur qui sommeille en moi :)

Ce huit-clos réunit également l'attachante Maribel Verdu, ange protecteur des âmes déchues.Le noir et blanc du présent se heurte aux couleurs agressives du passé, qui ressurgit de manière anecdotique, telle une vision prophétique.Quant à cette musique sud-américaine, elle berce l'histoire dans un espace temps qui parait être éloigné de toute réalité. Mais sommes-nous réellement au cinéma?

Tetro s'apparente comme une scène théâtrale, film en quatre actes où les drames explosent et les personnages semblent issus d'une tragédie grecque. Le final, l'apogée, s'érige sous fond oedipien, à la fois surprenant et bouleversant.

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Bright Star - Jane Campion


Ou le portrait d'une femme : muse dévouée d'un poète sans un sou qui, de part sa douceur et son caractère, inspirera le plus grand poète du Romantisme anglais du 19ème siècle.

Jane Campion filme les émois amoureux dans une succession de tableaux impressionistes. L'amour platonique entre Fanny Brown et John Keats baigne dans un décor nimbé de clarté où la lumière crue illumine tulles et rubans. "La beauté sera convulsive ou ne le sera pas"...

C'est un amour pur qui semble être cristallisé par l'éclat et la transparence des différentes scènes. Des brassées de fleurs sauvages enveloppant des robes immaculées nous donnent une impression de flottement. Sensation qui vole en éclat sous l'effet d'un battement de cil ou l'intensité palpable d'un pieux baiser.

Sommes-nous en plein rêve ou suivons-nous une histoire d'amour impossible? L'amour primera-t-il sur les conventions sociales d'une aristocratie conservatrice?

Les élancées lyriques de Keats résonnent le long des landes escarpées et parviennent ainsi à réchauffer cette vieille Angleterre. Et pourtant, pas un mot de trop.

L'histoire se tisse tout en retenue et offre l'idée que sentiments et nature s'accordent harmonieusement et qu'amour n'a de sens que de sa forme la plus dénudée. Sorte d'Evanescence.

4 Ponyo

Bliss – Drew Barrymore


Du derby roller, une bande de filles hystériques, des mini-jupes, un maquillage outrancier, du métal plein les oreilles et voilà que tourbillonne Ellen Page dans une série sans fin de clichés.

C'est l'histoire de la future Barbie Destroy, provinciale tiraillée entre les concours de beauté de maman et les envies d'échappatoire d'une jeune bledarde paumée.La petite Juno perd de son charme dans cette comédie US édulcorée pour adolescentes faussement rebelles.

Rien de palpitant mis à part la découverte d'un sport aussi mouvementé et spectaculaire que le catch et son coach hippy totalement à côté de la plaque.

1 Ponyo