dimanche 31 janvier 2010

Mother - Jooh-ho Bong


Ou l'amour inconditionnel d'une mère pour son fils à la fois pur et déraisonné.

Pour comprendre cette histoire, il faut tout d'abord accepter le fait qu'un enfant peut devenir un prolongement de l'être, par conséquent que la dévotion absolue d'une mère peut tout à fait se situer aux franges du fusionnel et du monstrueux...


Ce don de soi, c'est Do-Joon qui en hérite, jeune homme simplet accoutumé à cette protection maternelle exacerbée et n'ayant jamais pu développer qualités sociales et altruistes pour vivre en communauté. Ce grand beta, bouche entre-ouverte et yeux de biche, va se voir inculper pour meutre. La trame du thriller prend certes forme sans détours mais les rebondissements multiples vont en égarer plus d'un!


Après Memories of murder et The Host, Joon-ho Bong met en scène une fois de plus un simple d'esprit qui se retrouve héros et victime malgré lui au coeur de l'intrigue policière. Son unique sauveur sera incarné par une mère désemparée qui n'hésitera pas à franchir lois et morale pour innocenter son fils.


Kim Aye Ja, actrice de 68 ans, porte l'histoire sur ses frêles épaules.

Le générique annonce à la perfection l'atmosphère dans lequel vont baigner les personnages du film, une tension dramatique constante matérialisée à merveille par cette Mère-Courage. Les yeux dans le vague, la mine défaite, une femme ayant l'air à bout de force, pourtant, entame une danse au milieu d'un champ de blé. Allégorie de la persévérance.


Comme à son habitude, Joon-ho Bong excelle dans la réalisation d'un scénario oscillant entre drame, thriller, comédie et chronique sociale. Genre unique dans le cinéma contemporain, il revisite le thriller en ponctuant le film de ce rythme saccadé où les ruptures de ton contribuent en premier plan à l'intensité dramatique de l'histoire. Les mises en scène soignées et la photographie splendide (plan de l'urine et du bol de soupe) arrivent à marier poésie et trivialité et cela sans jamais paraître de mauvais goût.


La société coréenne est malmenée, le réalisateur n'hésite pas à exhiber la corruption de la justice et l'incompétence de la police.Je n'arriverai jamais à me lasser de la liberté d'expression et de la capacité à mélanger les genres de cette nouvelle vague de films coréens. Zero tabou, aucun vulgaire manichéisme, pas de bons sentiments, jamais de clichés...

Les émotions ressenties déclinées dans tout leur panel (rire-crainte-pleurs...) sont actuellement quasiment spécifiques à ce cinéma asiatique en plein essor.


Ne passer pas à côté de ce film!


4 Ponyo

2 commentaires:

  1. En effet ce film vous baigne dans une atmosphère étrange dans laquelle on se laisse plongé après les premières scènes (la première étant assez déconcertante).
    4 Ponyo également

    RépondreSupprimer
  2. tu t'es laissé tenter, c'est bien ;)

    RépondreSupprimer