mardi 16 mars 2010

Achille et la tortue - Takeshi Kitano


En mal de talent, d’inspiration et de notoriété, Machisu s’acharne à concrétiser son rêve d’enfance : devenir un artiste peintre. Son obsession n’a d’égale que sa folie créatrice, qui le laisse aux franges de la réalité, des responsabilités et de sa vie. La quête de cette inaccessible étoile se verra ponctuée de désillusions et de coups du sort mais triomphera au final l’optimisme grâce à sa rencontre avec Sashiku.

Les toiles ratées s’amoncellent, tout comme les scènes de pure inventivité, Takeshi Kitano nous offre une mise en abîme de sa propre vie, une métaphore de sa condition d’artiste. Cette réflexion quasi autobiographique se déploie en trois tableaux successifs de la vie du peintre : l’enfance, la force de l’âge et l’âge mur. Oscillant entre épisodes funestes et purs moments de créativité, cette comédie pessimiste est attendrissante. Car au-delà de cette ambition dévastatrice, c’est une folle histoire d’amour qui est contée. La narration décalée et souvent absurde du film renforce les névroses malsaines de ce personnage déshumanisé par l’art ainsi que la relation de ce couple extraordinaire.

Takeshi s’amuse à reprendre le savant mélange de tons qui fait la singularité de la majorité de sa filmographie (L’été de Kikujiro). Pour notre plus grand plaisir! Et pourtant, Achille et la Tortue semble brouillon et disparate. Les péripéties rencontrées par Machisu sont inégales et parfois peu compréhensibles. On en vient donc à ressentir quelques longueurs même si la mélodie entêtante supplante ces instants de flottement et d’égarement un court moment.
Et ce titre, quelle curieuse devinette ! Chacun peut l’interpréter à sa manière et cela jusqu’à ce que Takeshi himself nous la dévoile un jour…

Cependant, je reste sur mon impression de départ : Achille et la tortue dégage une si douce mélancolie et une énergie si insensée, qu’il pourrait en surprendre plus d’un !

3 Ponyo

PS : Ames enfantines, originaux et takeshiphiles, foncez les yeux fermés à la Fondation Cartier où se déroule l’exposition « Beat Takeshi Kitano – Gosse de peintre » du 11 mars au 12 septembre. De plus, pour les adeptes ou potentiels amateurs de ce grand iconoclaste : rendez-vous au centre Pompidou pour une rétrospective de sa filmographie du 11 mars au 26 juin. Enjoy !

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