lundi 8 mars 2010

Shutter Island - Martin Scorsese


Bienvenue dans le grand théâtre de l'horreur et de la peur ! Veuillez accrocher les fils au bout de vos bras, Scorsese, le grand maître marionnettiste, va commencer sa représentation.
Dès les premières scènes d'ouverture, la chose est en effet acquise: Scorsese a décidé de jouer avec le spectateur, de le perdre, puis de lui donner les clefs, pour mieux le replonger dans les méandres de cette île et du cerveau de son héros.

L'histoire? En 1956, à la sortie d'après-guerre, un Marshall et son assistant arrive sur l'île de Shutter Island. Une sorte l'Alcatraz physique et mentale où vivent les pensionnaires (de dangereux déséquilibrés?) et leurs geôliers (de dangereux déséquilibrés?). Bref, une sorte d'asile du docteur Moreau... L'enquête sur la disparition d'une détenue commence, dans cette atmosphère assez peu guillerette.

Quelle est la recette du dernier film de Scorsese? Le réalisateur nous livre un « mille-feuille » cinématographique, un film à voir (et revoir...) sous différents angles.

Première couche, le thriller psychologique. Une tension permanente habite le film. Scorsese multiplie les intrigues, alterne les scènes d'actions physiques et les épreuves psychologiques, essouffle ses acteurs et ses spectateurs sans que le film, lui, s'essouffle une seconde.

Deuxième couche, le film introspectif. Des falaises abruptes, une atmosphère lugubre, des patients comme autant de caractères psychologiques, la découverte de l'île et de ses recoins les plus sombres semble également accompagner l'exploration cérébrale du héros et de ses névroses les plus profondes.

Troisième couche, le satyre politique. Si celle-ci semble centrale au début du film, avec une critique féroce des pratiques politiques de l'ombre, aux Etats Unis au sorti de la guerre, elle n'apparaît finalement qu'en mineur sur la fin. Le traitement de l'arrivée des américains dans les camps de concentration, souvenir de guerre du héros, n'en apparaît que plus obscène: stylisé, bien cadré, scénarisé, l'évocation de la Shoah qui, sans jeu de mots, n'apparaît pas comme une finalité dans l'histoire du film, mais comme une simple ficelle servant le scénario qui n'apporte que gène et perplexité.

En dehors de ce passage délicat, on se délecte devant ce cours magistral de cinéma. On s'amuse devant la scène d'ouverture qui use et abuse des artifices du film d'horreur. On aime la scène hitchcockienne lorsque le héros se retrouve sur la falaise. On adore se faire manipuler par les personnages de cette galerie des horreurs, plus inquiétants les uns que les autres: le professeur, Ben Kingsley, comme sorti d'une version lugubre de Tintin et l'île noire, Leonardo, intense et sombre ou Michelle Williams, dont la pureté semble annonciatrice de sombres menaces.

4 Ponyo

2 commentaires:

  1. C'est pour ce soir ou pour demain ........

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  2. ahah il faut que le deuxième rédacteur se presse... :), sinon je vais m'y mettre!

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